Post

Avid Media Composer 2019, évoluer et rester soi-même !

C’est une version majeure d’Avid Media Composer que l’historique et le plus célèbre éditeur de solutions de montage a conçue avec ce nouvel opus. Jean-Philippe Aguer nous a accompagnés dans la découverte de Media Composer 2019 (MC 2019) dans une version Beta quasiment aboutie. Nous avons également pu continuer nos tests à la rédaction pour explorer et prendre en main ces évolutions.
1_JeanPhilippeAguer_Avid_Media_Composer.jpg

 

Après environ cinq ans de travail, le changement de présentation et d’interface du logiciel est profond. Les monteurs Avid savent à quel point leur éditeur de prédilection est habituellement très précautionneux avant d’entreprendre des modifications de son logiciel phare. Jean-Philippe Aguer : « C’est un vrai changement dans la manière de présenter le logiciel, dans le respect de la philosophie de Media Composer, afin de ne pas effrayer la base des utilisateurs. »

De nombreuses réflexions ont mené à MC 2019. Avid s’est interrogé sur l’opportunité de tout changer, ce qui aurait été un énorme scoop ! Cette refonte a en fait été menée en étroite collaboration avec des utilisateurs de toutes les générations. « On a présenté nos recherches à des auteurs hollywoodiens confirmés pour recueillir leurs réactions, qui nous ont dit : ça c’est bien, ça ce n’est pas possible ! »

De prochaines évolutions sont encore à venir à partir de cette nouvelle mouture d’Avid. Le premier grand chantier a consisté en la redéfinition d’une interface plus moderne et intuitive pour les nouveaux venus, sans effrayer les monteurs « historiques ». Elle se devait d’être efficace et moderne en supprimant des héritages du passé tels que la fenêtre projet.

 

Une interface profondément modernisée

Avid cible un public plus large de millenniums, en assumant un grand écart entre les nouveaux venus et les utilisateurs historiques plus que quarantenaires, soit deux générations à concilier.

Le premier changement radical qui ne manquera pas de surprendre les utilisateurs, c’est la nouvelle conception graphique autour d’une unique fenêtre principale dans laquelle peuvent être accrochés différents outils répartis dans plusieurs fenêtres. De nouveaux espaces de travail sont directement accessibles via des boutons ancrés sur le côté de l’interface, qui peuvent être complétés par des espaces de travail personnalisés.

Montage, effets, correction colorimétrique, audio, ce sont les principales étapes du travail de montage et de postproduction qui sont accessibles via ces nouvelles icônes. La fenêtre projet ayant disparu, on accède directement aux chutiers via un navigateur de « bins » et le nouveau bin containers qui est une fenêtre présentant le contenu du chutier sélectionné. Les chutiers peuvent toujours être détachés, ce qui reste intéressant dans une utilisation double écran, en respectant les habitudes de certains monteurs. En représentation « vignettes », la nouvelle fonction de « Bin Map » permet de se situer dans un chutier comprenant de nombreux médias (cf. illustration). Les modes d’affichage classiques des chutiers sont toujours accessibles, mais les icônes ont étés déplacées en haut de la fenêtre afin d’en améliorer l’accessibilité.

Les fonctionnalités de l’ancienne fenêtre projet ont été réparties dans les différents menus et sont mieux définies. Le menu préférence donne accès aux réglages du format de projet (dont un nouveau choix de travail en MXF OP-atom ou MXF OP-1a). On accède également aux réglages propres à l’utilisateur avec la possibilité d’afficher des listes mieux définies.

Les changements en surface ne modifient pas l’âme de l’outil qui reste un Media Composer. Les réglages continuent à être gérés « au niveau du projet » plutôt qu’au niveau de la séquence : cela signifie qu’avec Media Composer, lorsque l’on souhaite travailler une séquence en HD on paramètre le projet en HD ; pour passer en UHD il suffit de modifier les réglages du projet. D’autres solutions de montage fonctionnent différemment, les réglages techniques étant faits sur la séquence. Bien entendu, Avid conserve la gestion des utilisateurs (users), chacun pouvant personnaliser sa station et définir son clavier. Les réglages de site (site settings) sont également toujours disponibles.

 

Le retour en force de l’haltérophile

C’était presque un emblème, l’haltérophile sérigraphié sur les claviers Avid avait disparu au grand dam des amoureux de la marque. Jean-Philippe Aguer nous livre son impression : « Pour moi cette icône est vraiment l’âme de Media Composer : chaque logiciel a sa marque de fabrique ; l’haltérophile en est une pour Avid. » 

Les chutiers (bin ou dossiers) sont dorénavant représentés par de nouvelles icônes représentant des tiroirs ouverts ou fermés. Un nouvel outil, l’inspecteur tool fait également son apparition. Il offre de manière interactive des précisions sur les éléments sélectionnés ; par exemple pour un clip vidéo : la vitesse, le format audio, la couleur, etc. C’est un outil qui permet de visualiser ou d’inspecter les métadonnées beaucoup plus simplement que ne le permettent les colonnes des chutiers. Une autre icône nous renseigne sur la présence des médias des clips sur le disque interne. Le titreur Avid Titler+ est sorti il y a deux ans ; il permet de taper du texte directement.

 

Smart tool et nouvelles icônes

Les smart tools ont étés déplacés et redessinés et l’audio ducking a fait son apparition parmi les icônes positionnées en haut de la timeline.

Jean-Philippe Aguer a apprécié des échanges lus sur le groupe Facebook Avid editor of Facebook concernant cette icône : « De nombreux anciens utilisateurs se sont interrogé sur la fonction de cette icône, certains ont fait des suppositions amusantes telles que : permet de laver son linge à 30 °. » Dans la commande palette (l’interface graphique permettant de personnaliser les fenêtres de Media Composer ou le clavier d’un utilisateur), on retrouve les outils habituels avec quelques icônes redessinées pour des raisons d’esthétisme. Parallèlement à la simplification de l’interface, de nombreuses librairies QuickTime 32 bits, présentes depuis 1996, ont été nettoyées pour améliorer la rapidité et la stabilité du logiciel.

 

Des media composer simplifiés pour l’entreprise

C’est une demande ancienne et récurrente de structures telles que les grands groupes médias et certaines chaînes de télévision que de pouvoir proposer à certains utilisateurs une version simplifiée de Media Composer. C’est désormais possible avec Media Composer Entreprise qui offre désormais la possibilité de customiser l’intégralité de l’interface.

Un administrateur sera en charge de cette customisation via un serveur centralisé ; il définira les accès des différents rôles : une unique timeline, un chutier, une seule résolution. Bien entendu, des stations complètes restent à la disposition des monteurs.

 

Les exports

Les options d’exports ont également fait l’objet d’une attention particulière pour inclure les nouveaux formats de sortie, notamment pour les OTT tels que Netflix avec des formats de fichiers standard comme l’IMF dans le respect de la cohérence colorimétrique.

 

Calculs déportés via des serveurs centralisés

À l’approche des futurs Jeux olympiques, la NHK souhaitait prévoir les énormes charges de calcul imposées par leur choix de travailler en 16K pour cet évènement. Avid a donc implémenté à leur demande un processus de calcul déporté via des serveurs centralisés : chaque station de travail peut alors envoyer ses calculs sur le serveur qui se chargera de leur répartition vers les serveurs dédiés. Aujourd’hui, c’est une solution accessible pour des grosses productions et des chaînes de télévision, mais pas pour un media composer tout seul.

 

Pipeline HDR 32 bits et certification ACES

Une évolution invisible mais essentielle pour la qualité d’image, Avid a monopolisé de nombreux ingénieurs pour une réécriture en profondeur de l’infrastructure du logiciel afin d’effectuer la totalité des calculs internes en 32 bits virgule flottante. Le but n’était pas nécessairement que MC s’impose en tant qu’outil d’étalonnage, mais qu’un flux entier de production soit supporté en assurant un respect total de l’image. C’est le premier logiciel de montage certifié ACES au niveau du workflow complet de correction colorimétrique, de l’acquisition à l’export. Pour la correction colorimétrique on peut maintenant dessiner des formes (les fameuses patates) et étalonner à l’intérieur ou à l’extérieur de celles-ci.

 

Support du MXF OP-1a

Actuellement, les médias écrits en interne par Media Composer dans ses dossiers de stockage le sont sous un encapsulage MXF OP-atom. Le support du MXF OP-1a a été ajouté pour accélérer les processus d’échanges entre les serveurs vidéo d’acquisition et de diffusion ainsi que les solutions d’archivage. « On souhaite réconcilier Media Composer dans une bulle d’échange plus large. »

Aujourd’hui, avec les systèmes tels que les solutions de Media Asset Management (MAM ou gestion des médias) ou bien encore les solutions d’archivage profondes, de nombreuses conversions sont nécessaires. La gestion native des médias en MXF OP1A dans Media Composer va sensiblement accélérer et simplifier les échanges.

 

Tarifs

Les tarifs sont restés les mêmes, avec, au moment où nous écrivons ces lignes, des offres en location mensuelle débutant à 19 € pour un engagement d’un an et de 189 € sur un abonnement annuel. La location de Media Composer sur un mois sans engagement est proposée à 24 € et des offres avantageuses sont disponibles pour des engagements de deux ou trois ans.

 

Conclusion

Comme nous l’avons évoqué tout au long de l’article, la modernisation d’un outil tel que Media Composer représente un pas beaucoup plus important pour un éditeur historique comme Avid. La stabilité de l’outil et sa longévité (qui se compte en décennies) sont exemplaires. Le travail sur l’interface est remarquable et des modifications en profondeur, telles que le travail en 32 bits virgule flottante et l’intégration du MXF-OP1a en natif, sont également des plus indéniables. Il reste à vérifier si ces modifications attireront les nouveaux publics et pour les plus geeks d’entre nous à surveiller les évolutions en profondeur qui suivront les modifications de l’interface dans les futures versions : peut-être un véritable nouveau départ ? 

 

ET APRÈS ? SUITE DES ÉVOLUTIONS PRÉVUES POUR MEDIA COMPOSER

« Nous avions déjà travaillé sur la dernière version de Media Composer, rappelle Jean-Philippe Auguer, l’outil multicaméra et intégrés des masques dans Symphony, l’option d’étalonnage avancé. Dans les projets à venir, il est prévu de repenser le mode d’effets pour avoir une meilleure gestion des couches d’effets et des prévisualisations qui sont amenées à changer régulièrement dans l’industrie hollywoodienne.

« Avec MC 2019, on assiste à la première grande étape qui était l’interface, le pipeline de correction colorimétrique, les exports (notamment IMF), les calculs déportés et le ciblage d’un nouveau public pouvant être dérouté par un logiciel comme Média Composer. L’outil reste cependant un Media Composer.

« Pour les journalistes, Avid propose les solutions Media Central Cloud UX déjà en place dans certaines chaînes de télévision qui permettent des fonctionnalités de montage basiques et simplifiées via un navigateur web. La version Media Central UX permet au journaliste de débuter le montage, qui sera finalisé par un monteur qui ajoutera, par exemple, des effets sur un Media Composer.

 

Extrait de l’article paru pour la première fois dans Mediakwest #32, p.100/102. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.