La 4K dans le documentaire : un investissement pérenne

Dans le domaine de la production documentaire, il va de soi que les films animaliers sont les vecteurs privilégiés de la 4K UHD. Bertrand Loyer réalisateur-producteur de Saint Thomas Production est un des tout premiers documentaristes dans le monde à avoir pris le virage de la 4K UHD en tournant dès 2010 des films dans cette résolution.
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Aujourd’hui, ce réalisateur-producteur compte 25 heures de programmes en 4K et ne regrette pas son investissement, « car la plupart des surcoûts générés par la production d’images en Ultra Haute Définition sont amortis après deux ans grâce à de meilleures ventes à l’international.

Bien entendu, les surcoûts sont multiples avec la 4K UHD, à commencer par les équipements de tournage, même si depuis deux ans leurs prix ont beaucoup baissé.

Les rushes aussi sont plus lourds et longs à transférer, mais on parvient toujours à trouver des solutions à un coût raisonnable, même en Raw. Pour moi, la principale difficulté tient à la courbe d’apprentissage vis-à-vis de la précision de mise au point qui nécessite un apprentissage technique réel pour un documentariste. Ensuite, il y a le temps de postproduction plus long et des surcoûts induits de l’ordre de 20 à 30 % à ce niveau, surtout si l’on choisit une chaîne de production 4K HDR. Avec le High Dynamic Range, il faut bien une semaine de plus d’étalonnage sur un documentaire de 52 minutes. Cela demande aussi d’avoir pris des précautions supplémentaires au tournage dans la gestion du diaphragme. C’est pourquoi aussi je réalise pour le moment des films en HDR uniquement quand un diffuseur en fait la demande expresse. »

 

Parfois, l’Ultra Haute Définition peut aussi avoir une justification artistique au sein du processus de production. Ce fut le cas récemment avec le film documentaire Michel Vaillant le rêve du Mans qu’a réalisé et produit Frédéric de Brabant. « Mon idée de départ, précise le réalisateur-producteur, était d’utiliser la résolution 4K afin de disposer d’une latitude pour réaliser des effets de pano, zoom arrière, avant… dans les séquences où se mélangent des interviews et des planches de bandes dessinées d’archives apparaissant en incrustation à l’arrière plan (NDLR : archives de la Fondation Jean Graton). D’ailleurs, la 4K m’a permis, avec l’aide d’un motion designer, de faire des effets spéciaux de meilleure qualité, y compris pour la version HD. »

Parti d’une justification artistique à la base, Frédéric de Brabant s’est organisé pour que l’Ultra Haute Défintion ne représente pas un coût supplémentaire. Il a commencé par optimiser son choix d’équipements à la prise de vue. « Pour les parties d’interviews en studio et certaines images des stands lors des 24 heures du Mans, j’ai utilisé un simple boîtier Panasonic GH4 en complément d’une caméra Blackmagic URSA MiniPro (NDLR : moins de 3 000 euros) qui dispose d’un capteur de 4,6K. De fait, les images entre les séquences se marient parfaitement bien. J’avais pris soin cependant d’appairer les optiques entre les caméras avec deux zooms Canon 24 x 70mm et 70x200mm et une focale fixe Canon en 50 mm. Je me suis même permis d’utiliser une GoPro 4K lors d’un timelapse à l’intérieur des stands. »

En fait, la 4K UHD a surtout induit un surcroît de travail durant le transfert des rushes, puisque durant la semaine de tournage le long du circuit des 24 heures du Mans, Frédéric de Brabant et son équipe ont récolté 6 tera-octets de rushes qui ont ensuite été montés avec le reste des séquences déjà tournées et les planches de BD. « La postproduction a été légèrement plus longue de deux à trois jours, car nous avons monté sur une version proxy basse définition et ensuite réalisé une double conformation en HD et 4K. » Mais, le résultat est à la hauteur de ce documentaire, promis à une belle carrière internationale, vu la notoriété du héros Michel Vaillant qui dépasse de loin les frontières de l’hexagone.

 

 

* Extrait de l’article “Le budget de la 4K en questions” paru pour la première fois dans Mediakwest #27, p. 20-23. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.