Ubisoft ou l’art du media-entertainment

Que de chemin parcouru par Ubisoft depuis sa création en 1986… Cette société familiale s’est hissée au 3ème rang mondial des éditeurs indépendants de jeu vidéo en construisant un véritable empire autour du jeu digital et si l’on devait citer 3 chiffres clés pour la définir, on pourrait dire qu’elle regroupe 10 000 employés, réalise plus d’ 1 millliard d’euros de chiffre d’affaires et se déploie sur 29 studios disséminés aux quatre coins du monde.
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Ubisoft a su anticiper et maîtriser très tôt les enjeux de l’industrie du Jeu Digital, une industrie qui s’adresse désormais à 1,8 milliards de joueurs dans le monde dont 59% jouent en ligne. Si le challenge semble aujourd’hui raisonné, la clé d’un succès international restait à trouver à l’époque de la création de la société…

 

 

Pour Ubisoft, qui vend désormais ses produits sur les 5 continents, la France ne représente que 5 à 6% du chiffre d’affaires. Afin de développer des concepts universels, Yves Guillemot, son président et CEO, a pris le parti de mettre en place des équipes multi culturelles dans ses 29 studios tout en dispersant ses unités de production partout dans le monde.

 

 

Bien entendu, il fallait un peu d’organisation pour encadrer et stimuler cette croissance. Et, pour parvenir à ses fins, Yves Guillemot s’est appuyé sur des méthodes peu conventionnelles…L’audace, l’innovation, la prise de risque et la convivialité sont des valeurs que l’on retrouve comme un fil rouge dans son management : « Nous avons ici une règle majeure : le droit à l’erreur, tant pis si l’on se trompe, on apprend toujours des échecs, d’ailleurs, lorsque nous essuyons un échec, pour valoriser ses effets positifs, nous le fêtons !Nous-nous efforçons par ailleurs de stimuler la convivialité et le partage. Afin d’atteindre cet objectif, nous faisons en sorte que toute l’équipe se sente bien, un bien être qui est primordial pour la réussite de nos jeux qui impliquent pour certains projets jusqu’à 10 studios simultanément, et plus de 600 personnes ».

 

 

 

Le grand cycle des jeux …

 

Ubisoft possède à son actif quelques références qui font désormais partie du patrimoine de l’histoire du jeu, on peut citer Just Dance, Watch Dogs, Les Lapins Crétins ou encore Assassin’s Creed.

 

 

Pour Yves Guillemot, ces marques ne pouvaient prendre leur envol que dans des moments de ruptures technologiques : «  De nouvelles consoles apparaissent tous les 5 à 7 ans. Les innovations qu’elles intègrent favorisent l’ouverture d’esprit des consommateurs. Ces derniers sont alors disposés à remiser leurs jeux préférés au placard dans la mesure ou la nouvelle interface leur ouvre de nouvelles perspectives… Aujourd’hui, nous vivons en plus une nouvelle vague structurelle : au phénomène des ruptures machines s’ajoute l’arrivée du Free to play qui change les habitudes de consommation. Cette période s’avère porteuse de défis passionnants ! »

 

 

Créateur d’Univers…

 

«  Notre travail se construit autour d’un objectif  majeur: comment offrir une vie différente au joueur. Pour y parvenir nous devons avant toute chose développer un monde systémique, un univers riche, presqu’infini, où les détails sont plus importants que le jeu lui même. Pour y parvenir, nous faisons, tout comme les scénaristes de long-métrage ou de séries, des recherches, et, si cela est nécessaire, nous n’hésitons pas à voyager dans un pays pendant plusieurs semaines pour comprendre la culture, l’environnement des univers que nous développons ».

 

 

Dans une logique d’échelle d’exploitation des univers ainsi développés, Ubisoft a signé un accord avec plusieurs studios de cinéma pour développer 5 long-métrages. «Nous-nous chargeons du scénario, nous choisissons le réalisateur, nous avons le contrôle du budget et nous gardons la main sur les fonds à incruster. Cette démarche nous permet aussi d’optimiser notre R&D et de réutiliser les assets développés pour le film dans nos jeux…

 

 

Nous avons démarré notre activité synergie de production contenus/jeux avec la saison 1 des Lapins Crétins : Invasion que nous avons produit pour France Télévisions et Nickelodeon il y a un an. Cette série rencontre un grand succès avec plusieurs centaines de millions de vues dans de nombreux pays, et la deuxième saison est en cours de production. Par ailleurs, nous sommes en phase de préparation de tournage d’un long-métrage adapté de notre marque Assassin’s Creed.

 

 

Dans la mesure où le marché que nous touchons est colossal, nous avons développé une stratégie « mass market » qui se déploie sur d’autres medias que les écrans. Dans ce cadre, nous avons notamment produit et vendu 3 millions d’exemplaires du roman Assassin’s Creed. »

 

 

 

Production de contenus, production de Jeux : mêmes combats !

 

Au final, l’approche de cet acteur du jeu s’apparente à celle des producteurs de long-métrages et de séries TV… « Les séries sont de plus en plus créatives, et il faut avouer qu’elles sont pour nous sources d’inspiration », confie Yves Guillemot. « Nous partageons d’ailleurs des problématiques analogues à celles des producteurs : dans un jeu, on doit naviguer 30 à 50 heures avec des mécaniques de rebond tout comme les séries. Nous avons aussi d’autres points communs : nous sommes également confronté à des problématiques de renouvellement et d’élargissement de nos cibles, de fidélisation des fans. D’un point de vue économique, dans notre « back-catalogue », c’est à dire les jeux que nous avons commercialisé depuis plusieurs années, ne génèrent que 20% de notre chiffre d’affaires, nous sommes donc contraints chaque année de créer de nouvelles marques pour maintenir notre volume d’activité à l’identique des sociétés de production de contenus TV et Cinéma».