Leica Camera: 4 questions à Tommaso Vergallo…

Rencontre avec Tommaso Vergallo, responsable grand compte sur les gammes Cinéma aujourd’hui appelées Leitz Cine Wetzlar (anciennement CW Sonderoptic) au sein du groupe Leica Camera AG...
3_Tommaso_Vergallo_Leica.jpg

 

Mediakwest : Quelle est votre fonction au sein de la société ?

Tommaso Vergallo : Je m’occupe de plusieurs territoires dont la France, l’Italie, la Suisse et la Belgique.

La gestion des grands comptes a certes une dimension commerciale, mais ce qui est le plus important est la notion de service et de relation avec nos clients. Il s’agit de suivre ceux qui se servent de nos optiques, comme les directeurs de la photographie, les réalisateurs, mais également d’avoir le retour des coloristes, des monteurs.

Je crée un lien entre le tournage et les ateliers de fabrication, le but étant d’amener des suggestions, des améliorations possibles sur nos produits. Je collecte les informations pour savoir si tel ou tel film a utilisé telle ou telle optique, et pourquoi, en tentant d’analyser les décisions artistiques qui ont prévalu.

Outre récolter les échos des uns et des autres, nous tentons de créer une mémoire de la marque en réalisant des portraits de directeurs photo, dont se charge Ariane Vergallo, elle-même directrice de la photographie et qui connaît les deux côtés des optiques !

 

 

M. : À quand remonte cet intérêt de Leica pour le cinéma ?

T.V. : En 2008, CW Sonderoptic a été créé au sein du groupe, avec comme premier produit la fabrication d’une optique Summilux-C (C pour Cinéma). La gamme Summilux-C a été sortie en 2010 et, depuis, quatre séries ont été produites (Thalia, Summicron-C, M 0.8 et Summilux-C). L’entreprise vient de changer de nom, en passant de CW Sonderoptic à Leitz Cine Wetzlar.

Je suis présent sur les tournages, je visite les différents loueurs et j’accompagne les équipes de maintenance des loueurs ici pour leur faire suivre des cours de maintenance. Le but est qu’ils puissent être indépendants pour les réparations de premier niveau. Pour cela, il faut un certificat de maintenance. Et en cas de problème trop complexe, il faut que ce soit l’usine qui prenne en charge la réparation. À vrai dire, cela n’arrive quasiment jamais. Les optiques passent tellement d’étapes de validation qu’elles n’ont pratiquement jamais de problème. Il peut y avoir des incidents de tournage, mais les optiques sont fiables.

 

 

M. : Quels sont les retours des directeurs photo ?

T.V. : En fait cela dépend des différentes séries, car elles ont chacune leur propre particularité. Les gammes Summilux-C et Summicron-C ont été pensées directement pour le cinéma, contrairement à la série Thalia qui vient de la photo moyen format, même si tout a été modifié en termes d’ergonomie pour le cinéma.

Les Thalia sont des optiques artistiques conçues pour avoir le look légendaire de Leica photo dans le monde du cinéma. La série M 0.8 va encore plus loin car ce sont les mêmes optiques que la série M photo pour le cinéma. Seule la bague de mise au point a été modifiée pour être plus fluide.

Les directeurs photo aiment l’image cristalline sur le Summilux, une image bien illuminée, étale sans spot au centre et de vignettages gris comme certaines optiques concurrentes. La teinte est chaleureuse mais neutre. Ce sont des optiques très définies, mais qui apportent de la douceur, très sensibles, avec une très grande ouverture (1.4) et un piqué incroyable.

Autre particularité, les plages intermédiaires, du net jusqu’au flou, sont nombreuses. Ces étapes intermédiaires donnent une image sculptée presque tridimensionnelle.

Sur le plan ergonomique, ce sont des optiques légères, compactes, qui ont toutes la même taille. Elles peuvent équiper de nombreux accessoires comme des drones, des gimball. Les assistants caméra les portent d’une main. Il y a un vrai « Leica look ».

 

 

M. : Pas de volonté d’aller vers de l’entrée de gamme ?

T. V. : Nous sommes positionnés sur l’excellence, il n’y a pas de volonté d’aller vers du low cost. Toutes les lentilles sont en verre, il y a entre 12 et 18 lentilles par optique et chaque lentille a son propre traitement. Les lentilles asphériques sont difficiles à fabriquer – la barre est très haute – ce qui fait qu’une optique de cette performance a un prix. Tout est fait manuellement. Leica a une seule volonté, bien qu’elle soit une marque légendaire, c’est d’innover.

À ce titre, la gamme Thalia est exceptionnelle. Les optiques Thalia ne sont pas Full Frame, mais elles couvrent le 70 mm ; cela change beaucoup de choses. Elles offrent une très grande définition qui se traduit par une très grande douceur.

En France, les réalisateurs, les directeurs de la photo recherchent la créativité et nous avons des échos positifs sur nos gammes. Ces optiques apportent vraiment quelque chose de différent.

 

 

Extrait de l’article paru pour la première fois dans Mediakwest #28, p. 58/59. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.