Lytro Cinema – La technologie plénoptique au service de l’entertainment

L’équipe de Lytro a travaillé sans relâche pendant 18 mois pour apporter à la communauté du cinéma et du broadcast, présente sur le dernier NAB, la preuve de la maturité de sa technologie plénoptique... La société, qui avait fait sensation en 2012 avec le lancement d’un appareil photo plénoptique, franchissait là une nouvelle étape en présentant son système Lytro Cinema et, dans la foulée, Life, un court métrage produit avec cette technologie de rupture…*
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Lytro Cinema, caméra conçue pour le cinéma et la télévision, permet une virtualisation totale des images dès leur capture. Tous les paramètres habituellement figés après le tournage peuvent être réglés lors du processus de postproduction. Le principe offre la possibilité de produire des images jusqu’alors impossibles à obtenir sans effets spéciaux et ouvre les portes d’une créativité débridée.

« En produisant Life, nous avions pour but de montrer le potentiel de Lytro, mais aussi d’accompagner le réalisateur et le directeur de la photographie pour raconter une histoire qui soit totalement le reflet de leurs idées les plus folles. Comme toute production, Life est un travail d’équipe, et je remercie Technicolor qui a joué un rôle important dans la postproduction et l’étalonnage colorimétrique, mais aussi Arri qui nous a prêté une Alexa. Une moitié du film est tournée avec la caméra cinéma Lytro et l’autre moitié avec l’Arri Alexa, car nous voulions montrer que les deux technologies peuvent se compléter et bien fonctionner ensemble », a commenté en ouverture de son intervention Jason Rosenthal, P-DG de Lytro qui s’est alors s’exprimé au sujet du film de 6 min 30 s produit par Lytro Cinema et The Virtual Reality Company (VRC). Puis il a complété avec fierté : « Lytro Cinema représente la première étape d’un changement radical des méthodes de production des images ».

 

Lytro Cinema, le principe…

La caméra s’appuie sur une matrice de microlentilles qui fonctionnent comme des millions d’objectifs. Le plan-image qui regroupe ces millions d’objectifs est couplé à un capteur d’une résolution inégalée puisqu’il est en mesure de capturer des images panoptiques Raw de 755 mégapixels jusqu’à 300 i/s avec une plage dynamique de 16 stops… Évidemment, cette caméra Lytro s’appuie sur une solide architecture serveur afin de capturer, streamer et stocker les datas. Pour ce maillon de la chaîne, la société s’est tournée vers le Cloud de Google.

La caméra, qui restitue des informations images en 3D, a été développée dans la perspective de respecter l’intégrité du signal, les ratios et de rapporter toutes les métadatas qui permettront de travailler les réglages en postproduction… « Lytro Cinema défie les lois de la physique en autorisant la restitution d’images parfois impossibles à capter au tournage. Cette caméra génère une projection des pixels dans l’espace là où les capteurs traditionnels fournissent seulement des informations sur l’intensité et la couleur. Avec le panoptique, vous obtenez une capture des angles de lumière, ce qui donne une cartographie d’informations sans précédent. Grâce à ces données enrichies et à des informations sur la profondeur, nous virtualisons les commandes créatives de la caméra », explique Jon Karafin, directeur des technologies panoptiques chez Lytro.

 

Une image développée en postproduction

Avec Lytro Cinema, chaque image d’une scène filmée s’apparente à un modèle 3D où chaque pixel est associé à des données de couleur, de direction et de profondeur. Les images Raw de la caméra représentent donc un format master idéal pour la postproduction, en particulier pour l’intégration d’effets visuels.

Si la cadence d’images, la vitesse d’obturation, le point, la profondeur de champ, la parallaxe ou le premier plan, ou encore la direction de la lumière peuvent être réglés au tournage… ils peuvent désormais être changés en postproduction !

La prise de vues gagne en liberté, mais le principe ouvre surtout d’énormes possibilités aux effets visuels… L’image panoptique devient un format idéal pour le mastering si l’on convertit les matte paintings, les éléments CGI 2D ou 3D en fichiers panoptiques, car lorsque l’on agence ces éléments avec des images tournées avec la Lytro Cinema, le travail de postproduction gagne incroyablement en simplicité et en précision.

 

Une démonstration sur Nuke de The Foundry

Sur le NAB, Jon Karafin, a démontré la pertinence de la technologie avec des images plénoptiques travaillées en direct sur la solution Nuke de The Foundry. Il a ainsi mis en lumière la simplicité et l’efficacité d’une incrustation de personnage avec tracking automatisé grâce à un masque de profondeur ; ce dernier a permis de fusionner parfaitement un objet avec son nouvel environnement sans avoir été filmé sur un fond vert. Il a également appliqué une profondeur de champ infinitésimale à une balle, donnant ainsi à l’objet une dimension narrative spécifique.

Ces quelques exemples montraient un aperçu des possibilités créatives de la technologie plénoptique, qu’il s’agisse de paramétrage de postproduction ou d’intégration d’images réelles et d’effets visuels.

 

Un écosystème ouvert

La solution Lytro Cinema comprend une caméra, un serveur pour le stockage et le traitement – qui peuvent s’opérer dans le Cloud – et une application logicielle pour la manipulation des données plénoptiques. Le système entier s’intègre dans les workflows existants de production et de postproduction, travaillant en tandem avec les outils standard du secteur.

Les données capturées par le système Lytro Cinema produisent un master plénoptique pouvant être rendu en postproduction dans n’importe quel format, y compris Imax et RealD… Et, d’après Jason Rosenthal, la technologie ouvrirait même des perspectives potentielles pour des images holographiques.

Pour Robert Stromberg, réalisateur de Life doublement oscarisé, « Quand cette caméra sera réellement fonctionnelle, elle entraînera un vrai changement dans la manière de penser et créer les films. »

Dans cette perspective, Lytro a travaillé à peaufiner son écosystème tout cet été, avec l’ambition de pouvoir livrer sa caméra au marché d’ici la fin de l’année. Cependant, un point important ne sera certainement pas réglé dans les mois qui viennent : il s’agit de sa taille démesurée… Pourtant lorsque l’on interroge Jason Rosenthal sur la miniaturisation de la caméra, il assure que cela arrivera bien plus tôt qu’on ne peut le penser.

 

Découvrez une vidéo sur Lytro Cinema ici

* Cet article est paru pour la première fois dans Mediakwest #18, pp.18-20. Soyez parmi les premiers à lire nos articles en vous abonnant à notre magazine version papier ici