L’IP et la fibre optique au cœur de la diffusion de viàRéseau

viàRéseau est la structure créée par le groupe Médias du Sud pour regrouper et gérer des services offerts aux différentes chaînes de TV locales du groupe (viàOccitanie, viàGrandParis, ATV…) et à celles affiliées dans le réseau « vià ». En 2018, viàRéseau a mis en place un service de diffusion implanté à Montpellier. Elle est en train de l’ouvrir à l’ensemble des chaînes du groupement et, à terme, ce seront 22 chaînes implantées sur tout le territoire qui seront diffusées depuis le sud de la France grâce à un dispositif technique associant réseau IP, fibre optique et serveurs de play-out d’Imagine Communications.
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Médias du Sud est un groupe de communication multimédia (au sens originel du mot) implanté dans le sud de la France. Il intervient comme régie publicitaire et évènementielle, produit des contenus audiovisuels et numériques, édite et diffuse des magazines régionaux et est présent sur le web. En 2009, il a élargi son champ d’intervention en rachetant la TV locale nîmoise Télé Miroir, puis en 2010, la chaîne 7L TV qui diffuse sur la ville de Montpellier. Les deux chaînes sont alors rebaptisées TVSud Camargue-Cévennes et TVSud Montpellier.

En 2015, suite à un appel d’offres lancé par le CSA, il obtient l’autorisation d’émettre sur la région de Perpignan et lance TVSud Pyrénées Orientales. En 2016, le CSA a autorisé TVSud à réutiliser la fréquence laissée disponible à Toulouse par l’arrêt de TLT. En 2017 les quatre chaînes locales sont regroupées sous une identité commune, viàOccitanie. En 2018 avec le soutien de Bruno Ledoux, Médias du Sud rachète la chaîne ATV qui émet sur la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane et reprend l’exploitation de Telif en Île-de-France et la rebaptise viàGrandParis.

 

 

Le service d’échanges My Video Place

Avant de détailler l’infrastructure technique mise en place, Philippe Van de Velde, directeur technique de viàRéseau et du groupe Médias du Sud, revient sur la genèse de la tête de réseau viàRéseau. Le premier service mis en place il y a quatre ans est la plate-forme d’échange vidéo My Video Place. Son objectif est de faciliter les échanges de contenus vidéo entre les trois grandes catégories d’acteurs de l’information locale : les chaînes de TV locales, la presse quotidienne régionale (PQR) et les plates-formes web d’information. Avec, comme préoccupation, la préservation des droits des producteurs de contenus et le souci de monétiser et donc rentabiliser la diffusion des médias échangés.

Dans ce but, ses primo fondateurs (Médias du Sud et le groupe de presse Rossel) ont mis en place une plate-forme d’échange vidéo sur laquelle les participants mettent à disposition leurs reportages ou documentaires avec une indexation détaillée sur un jeu complet de métadonnées. L’accès à My Video Place est gratuit après inscription, ainsi que le dépôt des contenus. Ses responsables ont établi une grille tarifaire de rémunération qui sert à la facturation de la diffusion.

Les métadonnées associées aux contenus détaillent toutes les informations sur l’origine et les auteurs du document, mais servent aussi au moment de la diffusion pour associer des messages publicitaires géolocalisés et organiser des campagnes nationales de promotion. Ceci dans le but de renforcer le modèle économique des diffuseurs, quel que soit leur canal (sites web, TV locales ou sites de la PQR).

 

Actuellement, une soixantaine de producteurs alimentent la plate-forme d’échanges My Video Place : les chaînes locales affiliées à viàRéseau, des quotidiens régionaux, comme La Dépêche, Le Télégramme ou La Voix du Nord et des médias web pure player. Les chaînes TF1 et LCI sont également membres du service d’échanges pour accéder à des reportages régionaux et alimenter leurs journaux d’information.

Pour chaque document inscrit au catalogue, une carte affiche l’origine géographique des internautes qui le consultent via les services web des diffuseurs. Cela permet de constater que pour des sujets liés à une actualité chaude, les échanges induits par le service My Video Place offrent une audience beaucoup large que celle du média local qui a réalisé initialement le reportage, que ce soit une TV locale ou un journal de la PQR.

 

 

Alléger les contraintes de la diffusion

La mise en place de viàRéseau reprend des objectifs similaires que Philippe Van de Velde précise : « Jusqu’à présent, les TV locales ont eu beaucoup de mal à se développer. Certaines ont même connu des échecs et ont disparu. À travers viàRéseau, il s’agit de leur donner une nouvelle chance de réussite en créant une nouvelle identité aux chaînes sous un sigle commun, en proposant des campagnes publicitaires sur l’ensemble du territoire, ensuite déclinées localement. Et ce pour dégager des moyens de produire des programmes innovants, des séries ou même des films. »

Pour les libérer des contingences techniques quotidiennes liées à la diffusion permanente d’un programme 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, le second volet de viàRéseau est la mise en place d’une infrastructure technique commune pour assurer leur diffusion à l’antenne. Jusqu’à présent, chaque chaîne mettait en place ses propres équipements de play-out. Outre le choix du meilleur système dans un budget contraint, elle est confrontée à de multiples exigences : assurer la continuité de la diffusion, la surveillance des équipements, garantir l’alimentation électrique et des conditions optimales avec un système de climatisation. Il est indispensable d’assurer une intervention rapide en cas de panne ou de dysfonctionnement.

Les évolutions techniques en termes de réseau IP et de transport à haut débit sur fibres optiques permettent dorénavant de déporter les équipements de diffusion sur un site distant. Et pourquoi pas les mutualiser sur un site unique pour en réduire les contraintes et les coûts d’exploitation. Ainsi chaque chaîne pourra se recentrer sur le cœur de son métier, à savoir la création de programmes et la couverture de l’information locale. C’est ainsi que viàRéseau a conçu son centre de diffusion, d’abord pour ses propres chaînes, et ensuite pour l’ouvrir à l’ensemble des chaînes locales.

 

 

Un centre de diffusion pour 22 chaînes locales

viàRéseau est déjà en exploitation pour les quatre chaînes de viàOccitanie et a signé des partenariats avec une quinzaine d’autres chaînes métropolitaines, sous forme d’une syndication de moyens. Le centre de diffusion de viàRéseau desservira à terme 22 chaînes locales. Outre ViàOccitanie, il accueillera bientôt viàGrandParis (ex-Telif), Wéo, MaTélé, Tébéo et Tébésud, Mirabelle TV, Vosges TV, LMtv Sarthe, La Chaîne Normande, Angers TV, Télé Nantes…

Le service My Video Place a été entièrement développé en interne par l’équipe informatique de Médias du Sud, en s’appuyant sur des outils « open source ». Lorsque Philippe Van de Velde a commencé à examiner les offres de « traffic system » pour la plate-forme de diffusion antenne, il a constaté que l’outil développé pour My Video Place remplissait déjà 50 % des fonctions. Il a donc décidé d’élargir et d’enrichir les fonctions de My Video Place pour en faire le cœur du système de diffusion.

 

Chaque télé locale affiliée à viàRéseau exploite ses propres moyens de production. Une fois l’émission tournée et montée, le journaliste, ou la personne en charge de sa production, l’inscrit sur My Video Place en détaillant toutes les métadonnées qui lui sont associées et à la fin du processus déclenche le téléchargement du fichier vers les serveurs de viàRéseau à Montpellier. Pour cela, viàRéseau a mis en place une liaison par fibre optique entre chaque télévision locale et viàRéseau. Celle-ci offre un débit de 100 Mb/s dans les deux sens.

Le responsable de l’antenne de chaque télévision locale se connecte via une interface web sur le « traffic system » de viàRéseau. Il prépare la playlist de diffusion à partir des émissions transférées ou des éléments acquis sur My Video Place. Ensuite le « traffic system » établit le conducteur d’antenne qui va piloter le système de diffusion.

 

Chaque TV locale diffusée par viàRéseau dispose de son propre serveur installé dans le data center de Montpellier. Pour assurer cette fonction de diffusion, Philippe Van de Velde a porté son choix sur la version logicielle du système play-out Versio d’Imagine Communications. Il en précise les raisons : « Je souhaitais un système totalement logiciel et fonctionnant en full IP. Par rapport à des produits concurrents, l’offre d’Imagine est très modulaire et il est facile de la compléter avec divers modules de traitement : conformation, traitement acoustique, watermarking et autres. La sortie se fait directement en IP pour attaquer le réseau de transport vers la diffusion et les serveurs de streaming. Imagine, ce sont les seuls à offrir un système totalement compatible avec des API Rest Full pour communiquer avec nos outils logiciels. »

Chaque système de play-out est installé sur un serveur blade HP, 1U de rack. Et l’ensemble des équipements dimensionnés pour la diffusion de 30 chaînes occupe seulement trois mètres carrés au sol. Tous les équipements nécessaires à la diffusion des chaînes TV et au service My Video Place sont hébergés dans le data center Zayo à Montpellier. L’hébergement dans un data center résout toute une série de problèmes en termes de connectivité, de continuité de services, d’alimentation électrique et de sécurisation des équipements.

 

 

Une remontée vers Paris pour alimenter la TNT, le satellite et les box Internet

La sortie HD du programme est encodée en H.264 à 8 Mb/s. Les flux de toutes les chaînes sont renvoyés via fibre optique vers le data center Telehouse 2 installé à Paris. Sur ce site, les signaux sont récupérés à la fois par TDF qui les envoie, via son propre réseau interne, vers les divers émetteurs hertziens répartis sur le territoire. Sur ce même site, les divers FAI reprennent également ces flux pour les injecter dans leurs réseaux de distribution vers les DSLAM puis les box ADSL. Enfin les deux opérateurs de diffusion par satellite, Canalsat et Fransat, reçoivent aussi les signaux des chaînes pour les incorporer dans leurs plans de services de diffusion par satellite.

viàRéseau, de son côté, assure la diffusion en streaming des chaînes pour leurs propres pages web. Ce service est une extension des serveurs de streaming déjà mis en place pour My Video Place. En effet lorsque par exemple un quotidien de la PQR achète sur My Video Place les droits de diffusion d’un document vidéo, le contenu n’est pas transféré vers les serveurs du journal. Il récupère juste un lien qu’il insère dans sa page web qui pointe vers les serveurs de My Video Place et/ou de viàRéseau. Ce sont plus de 10 000 vidéos qui sont traitées chaque mois avec 15 millions de vues mensuelles. Les flux de streaming sont encodés dans cinq profils HLS allant d’une basse résolution à 300 kb/s jusqu’au full HD à 3 Mb/s.

 

viàRéseau fournit à chaque chaîne locale les unités de transmission 4G, des modèles DMNGPro 180 d’Aviwest. Selon les situations et le type de reportage, « breaking news » ou direct au cours du journal TV, le signal est reçu :

–  soit sur un serveur installé au data center de Montpellier et le contenu est alors directement transféré vers le stockage central, prêt à être récupéré par la chaîne, pour une indexation et une mise en ligne ;

–  soit, pour un direct en plateau, le signal est envoyé directement sur un serveur de réception, installé à la chaîne locale, et dans ce cas la sortie SDI du serveur est raccordée au mélangeur vidéo du studio.

 

 

Transmettre les programmes réalisés en direct

Dans le cadre de leur convention avec le CSA, les chaînes locales sont obligées de produire quotidiennement un volume horaire de contenus originaux. En général, il s’agit du journal quotidien associé à des talk-shows réalisés en direct. Le système de diffusion n’étant plus sur place, il est nécessaire de rapatrier le signal du direct jusqu’au centre de diffusion de viàRéseau à Montpellier. Pour cela la fibre optique à 100 Mb/s qui relie chaque chaîne locale au data center de Montpellier est mise à contribution.

Un encodeur vidéo fixe de marque Aviwest est installé en salle technique et compresse le signal sortant du studio pour le transmettre vers Montpellier en H.264. Dans la playlist de la programmation, un module « break » est inséré à l’heure du direct et commute la sortie du serveur play-out sur son entrée IP pour diffuser le direct. Et comme aime à le rappeler Philippe Van de Velde : « Toute l’architecture de diffusion fonctionne en IP et sans aucun câble SDI. »

 

Lors des rachats successifs des chaînes pour former TVSud, puis viàOccitanie, Philippe Van de Velde a exploité de nombreux systèmes de play-out basés sur des serveurs vidéo associés à des équipements hardware traditionnels, le tout chapeauté par une automation dédiée. Le système mis en place pour viàRéseau lui donne satisfaction : « S’il fallait le refaire, je le referais exactement à l’identique. Le stress subi avec les systèmes traditionnels, non merci ! »

Il attire néanmoins l’attention sur l’évolution des compétences qu’induit un passage vers une infrastructure entièrement informatique et basée sur des transmissions exclusivement en IP. « Il faut réapprendre nos métiers. L’équipe technique habituelle, constituée surtout de profils “broadcast”, doit impérativement évoluer vers des profils beaucoup plus IT. Et ce n’est pas toujours aussi simple. »

Le centre de diffusion viàRéseau mis en place en place est encore en pleine montée en charge. Actuellement, il assure la diffusion de cinq chaînes locales et, au cours de l’année 2019, petit à petit, il accueillera les autres chaînes locales métropolitaines associées dans le groupement viàRéseau. 

 

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #31, p.90/92. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.